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INDUSTRIE 4.0,QUAND L'AUTOMATISATION CREE L'EMPLOI

L'opinion du Digital Wallonia (AdN)

L'Agence du Numérique (AdN) est une société anonyme de droit public chargée du développement du Numérique en Wallonie qui succède à L'Agence Wallonne des Télécommunications (AWT). L'AdN est chargée d'assurer le suivi des innovations technologiques et les usages pratiques dans l'industrie et de coordonner les actions opérationnelles et la communication vers l'industrie afin de mener à bien le programme stratégique numérique Digital Wallonia approuvé en 2015 par le gouvernement wallon. Nous avons parlé avec Renaud Delhaye (senior expert) et Fanny Deliège qui s'occupe du programme « Made Different » au sein de l'AdN.

 

METTRE EN CONTACT

Depuis plusieurs années, nous sommes confrontés à des termes tels que : l'usine numérique (digital factory), usine du futur (factory of the future), la fabrication intelligente (smart manufacturing) et surtout l'industrie 4.0. Que signifient exactement ce(s) terme(s) pour vous ?

Renaud Delhaye
Renaud Delhaye, Senior Expert chez AdN 

Renauld Delahaye : « La thématique de l'industrie 4.0 s'étend sur tous les secteurs de production, de construction, de matières premières et de la transformation comme l'industrie du bois, et sans oublier l'agriculture avec le « smart farming », nous explique Mr. Delhaye. « Les programmes s'occupent de différents secteurs et de leur évolution vers un modèle de production et de gestion moderne. Cela consiste à trouver des solutions sur mesure pour faciliter l'automatisation des outils de production interactifs, aussi bien entre les machines qu'entre les moyens de production et le produit en cours de fabrication. En même temps, une intégration des différents outils de gestion et de marketing vient compléter la transition vers une société qui produit selon le modèle 4.0. En tant que AdN, notre rôle est de mettre en contact les entrepreneurs et les fournisseurs qui sont à même d'aider les sociétés à faire la transition vers le I4.0. »

 

LA PERFORMANCE BELGE

Quelle est la performancede la Wallonie / Belgique dans ce domaine ? Est-ce que nous arrivons à suivre le pas ?

Renauld Delahaye : « L'origine du mouvement se trouve en Allemagne où le programme à été mis en route en 2011. La Belgique est un des premiers pays à avoir emboîte le pas en 2013. Du moins au niveau des programmes, car en pratique, les choses évoluent très lentement. La Flandre a un peu d'avance qui s'explique surtout par le tissu industriel propre à la région, mais la différence avec la Wallonie n'est pas très grande. Car il est vrai que toutes les régions confondues en sont encore aux premiers pas, et il faudra encore beaucoup de travail pour arriver à ne fusse que sensibiliser les sociétés à l'idée que l'industrie 4.0 est aussi pour eux. Il faut entre autres bien communiquer que le I4.0 n'est pas seulement pour les très grandes sociétés, mais aussi pour les petites et moyennes entreprises. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous nous efforçons de mettre les entreprises en contact avec les consultants et prestataires qui s'occupent des différentes spécialités du 4.0. Nous avons aussi prévu que ces premiers pas soient soit gratuits, soit soutenus par la région au moyen de « chèques-entreprises » qui peuvent représenter 90.000 euros de subsides. »

 

LA TRANSITION

Quelles sont les mesures que nos entreprises doivent encore prendre pour faire la transition vers l'industrie du futur ? Y a-t-il certains points qui ralentissent ou même empêchent cette transition ?

business plan
Tout comme à la création d’une entreprise, il faut un business plan bien défini avant de commencer la transition vers le I4.0

Renauld Delahaye : « La transition ne se fait pas à la légère et suit typiquement un nombre d'étapes qui commencent par la réflexion sur le but à atteindre. Cela paraît évident, mais tout comme à la création d'une entreprise, il faut un business plan bien défini avant de commencer la transition vers le I4.0. A partir de ce plan, nous pouvons déjà aiguillier les entrepreneurs vers les différents experts qui pourront les accompagner pendant la transition. Ceux-ci dressent d'abord un profil de l'entreprise pour mesurer le degré de maturité numérique. A partir de ce profil, une liste d'actions à prendre est dressée. A ce stade, nous pouvons encore épauler l'entrepreneur avec des conseils ou des moyens financiers sous forme de subventions. A l'heure actuelle, nous avons une quarantaine d'entreprises qui suivent un programme de transition vers le 4.0. Cela se passe par une structure qui est déjà 'lean', une certaine maturité numérique et un personnel qui a aussi des connaissances ou qui est du moins déjà accoutumé à employer des moyens informatiques. Le coût est effectivement un point majeur. Le problème est qu'il est très difficile de calculer un ROI, voire même de se rendre compte de l'impact financier à la fin du trajet. Et enfin, c'est vrai que certaines sociétés ne sont pas très ouvertes et ont peur de montrer leurs méthodes de travail à des personnes étrangères à l'entreprise. »

On dit toujours que l'automatisation ne supprime pas l'emploi, mais remplace le travail répétitif, lourd et sale par de « meilleurs » emplois. Mais quelqu'un qui a fait du travail à la chêne pendant 20 ans, peut-il être dirigé vers un nouveau poste du jour au lendemain ? Ne risque-t-on pas de créer une catégorie de personnes qui ne pourront plus aller nulle part ?

Renauld Delahaye : « Non seulement l'automatisation ne supprime pas l'emploi, mais elle peut créer de l'emploi. D'après Sirris, la moyenne d'augmentation de personnel après une numérisation poussée est de 23%. Quant à la qualification du personnel, il est clair qu'on demandera plus de personnes bien formées, mais il y a quand même déjà une transition vers l'informatique qui s'est produite depuis longtemps. Il s'agira donc surtout de nous focaliser sur nos capacités d'adaptation. »

En cherchant dans les sites web d'offre d'emploi, on trouve des centaines de postes techniques qui restent vacants. Quelle est la raison de cette pénurie de personnel ?

Renauld Delahaye : « Quand on parle avec des responsables de sociétés, on se rend compte que le problème des postes vacants se situe à plusieurs niveaux. D'une part, pas mal d'écoles professionnelles et techniques offrent des formations qui conduisent à des emplois qui sont obsolètes ou qui le deviendront dans un futur proche. D'autre part, les connaissances ne sont pas forcément le plus important pour une société, évidemment il faut une base, mais la plupart des sociétés forment leur personnel dans la maison. C'est donc la motivation et le pouvoir de s'adapter des candidats qui sont beaucoup plus importants. »

La Belgique est un pays de PME. Ces sociétés ont souvent moins de possibilités en gestion du personnel et d'investissement dans leur personnel. Comment peuvent-ils quand même suivre les évolutions ? Existe-t-il des programmes pour aider ces sociétés ?

Fanny Deliège
Fanny Deliège, responsable du programme Made Different

Fanny Deliège : « Il existe plusieurs programmes qui peuvent aider, mais le programme le plus complet est le « Made Different » qui a été créé par Agoria et Sirris en 2013 et qui tient compte aussi bien des moyens de production que de la gestion du personnel. C'est un programme de sensibilisation et d'accompagnement des entreprises dans leur transition vers le I4.0. Le programme est organisé par un consortium de partenaires dont les pôles de compétitivité et clusters, les centres de recherche agréés, les fédérations sectorielles et, bien entendu, Digital Wallonia. Le programme propose sept transformations des outils de fabrication et leur environnement plus une transformation du business model. » (voir l'encadré)

 

DIAGNOSTIC DE LA SOCIETE

Motion Control : il est possible de faire un diagnostic en ligne de sa société afin de se rendre compte à quel point son organisation est prête pour un passage à l'Industrie 4.0. Ensuite, toute entreprise peut demander une demi-journée d'aide par un expert qui fera un diagnostic plus poussé de la société et qui se traduira par un plan d'action. Une liste de fournisseurs et experts privés potentiels sera alors dressée.

« Les frais de cette demi-journée sont à charge de Made Different et pour la suite des actions à entreprendre, la société a droit à des chèques allant jusqu'à une valeur de 90.000 euro. Il est évident que cette somme ne couvrira qu'une partie des frais et investissements qui seront nécessaires, mais nous sommes convaincus que cela aidera les sociétés à faire un premier pas concret vers le 4.0. »

Dans quelle mesure la coopération entre les entreprises et les universités fonctionne-t-elle bien ? Pourrait-on encore élargir cette collaboration?

Renauld Delhaye : « C'est presque un cliché, mais en pratique, les universités font surtout de la recherche fondamentale qui ne donne pas forcement des résultats concrets. En même temps, il n'y a pas assez de contacts directs avec les universités et il n'existe pas de liste centralisée des recherches en cours aisément accessible aux entreprises. En conséquence, le domaine de la recherche en Wallonie et en Belgique en général reste une terre inconnue pour trop d'entreprises. »

Comment les organisations de travailleurs font-elles face à la transition vers l'industrie 4.0 ? Sont-elles conscientes de ce qui nous attend ?

Renauld Delhaye : « Disons qu'il y a pas mal de de méfiance envers l'industrie 4.0, car l'automatisation a une réputation très négative, alors qu'il n'y a pas de raison. Outre le fait que l'automatisation crée l'emploi, on se rend compte qu'au sein des entreprises qui suivent un parcours de transformation, le personnel a une opinion le plus souvent positive à très positive de l'implémentation des différents systèmes d'automatisation. On peut donc conclure qu'en pratique, la transition vers le 4.0 pose moins de problèmes qu'on pourrait le penser au niveau de l'acceptation par le personnel, mais il faut que les dirigeants de l'entreprise y croient vraiment et qu'ils communiquent bien. » 

 


7 TRANSFORMATIONS + 1

World class manufacturing technologies

Mise en place des techniques de production les plus récentes.

End-to-end engineering

Production tenant compte du parcours complet d'un produit :

production, vente, maintenance et son recyclage.

Digital factory

Numérisation et connexion de tous les moyens de production

afin de faire la fusion entre le monde réel et virtuel.

Human centered production

Implication du personnel dans l'industrie 4.0 pour assurer un ancrage local de la production et ainsi d'éviter les délocalisations.

Production network

Evolution vers une organisation en réseau avec les fournisseurs

et partenaires à l'aide de coopérations flexibles.

Eco production

Obtenir un système de production durable en tenant compte

de toutes les phases de vie d'un produit.

Smart production systems

Arriver à répondre aux demandes du marché qui est en continuelle évolution, le but ultime étant la capacité de produire en lot

d'une seule unité à la demande.

+1 smart business model

Se concentrer sur la recherche de nouvelles opportunités

à plus forte valeur ajoutée.

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Écrit par Serge Vandenplas2 août 2018

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