NOS PME AUSSI DOIVENT OSER INVESTIR
Dirk Torfs voit un avenir positif pour notre industrie manufacturière, moyennant la vigilance
Cela fait entre-temps près de quatre ans que Flanders Make - le centre de recherche stratégique pour l'industrie manufacturière - programme et exécute la recherche, et forme la symbiose entre les entreprises et les divers centres de recherche sur l'industrie manufacturière que compte la partie flamande du pays. Dans sa vue d'ensemble, l'organisation est aussi idéalement en mesure de donner une vision sur quelques sujets brûlants. Nous nous sommes entretenus avec le directeur général Dirk Torfs quant au rôle de Flanders Make, Industrie 4.0 et la numérisation, mais aussi et surtout sur vos chances dans ce marché qui évolue vite.

LA FLANDRE REJOINT LE PELOTON
Pour aller d'emblée droit au but: sommes-nous dans notre pays en phase avec les évolutions dominantes?
Dirk Torfs: “Flanders Make se tient au courant de ce qui se passe au niveau mondial. Nous menons régulièrement des études sur la prestation de nos entreprises sur certains facteurs tels que l'innovation et les investissements. L'an dernier encore, nous avons mené avec PWC une étendue détaillée auprès de 30 entreprises, soit au total 33.000 salariés. Si nous comparons ces résultats avec une étude au niveau mondial menée par PWC précédemment, il semble que nous sommes bien partis. Nos entreprises manufacturières sont clairement d'un niveau très satisfaisant."
CONTINUER D'INNOVER EST LE MESSAGE
“Mais nous devons veiller à continuer d'investir dans l'innovation. L'étude montre que notre propension à investir reste nettement inférieure à la moyenne. Alors que l'investissement moyen dans l'innovation oscille globalement autour des 5% du budget, nous n'atteignons que 3%. Si ceci est une mesure instantanée, ceci ne pose guère de problèmes, mais le retard cumulé est grand si ceci perdure quelques années.
L'une des explications de ce retard est la taille moyenne de nos entreprises. La culture PME, tout de même plus grande que dans d'autre pays, engendre un certain morcellement des ressources et du personnel. Il est logique que les entreprises plus petites investissent moins en général et à un rythme plus lent. D'un autre côté, nos entreprises observent bel et bien les besoins, les avantages et les opportunités qu'entraînent les tendances actuelles. Je vois donc ceci évoluer positivement à l'avenir. De nombreuses entreprises font un pas, même sans s'en rendre réellement compte, ou ont fait un pas en direction d'une usine de production Industrie 4.0. Mais c'est un fait que cette transition peut être un grand pas qui exige de nombreuses ressources à court terme. Dans bien des cas, il s'agit d'oser consentir des investissements pour accélérer un peu les choses, car l'innovation conduit finalement à de meilleurs produits. De plus, les petites entreprises ont les mêmes chances que les grandes entreprises grâce à la numérisation. L'époque où les entreprises avaient besoin d'un réseau de vente mondial pour vendre leurs produits de façon globale, est révolue. A l'heure actuelle, chaque produit n'est éloigné du client final que d'un seul clic de souris, quelle que soit la distance physique qui éloigne ce client de l'entreprise.“

Dans le 'MAKE LAB' mobile, les entreprises reçoivent dans un semi-remorque un avant-goût des technologies
QUID DU MANQUE DU PERSONNEL?
Le manque de personnel technique n'entrave-t-il pas la transition?
Dirk Torfs: “Ce que nous faisons fréquemment, c'est assister les entreprises dans leur acquisition de connaissances jusqu'à ce qu'elles puissent engager. Elles peuvent mettre à profit les connaissances proposées pour déceler si leur investissement sera payant. Si, par exemple, elles veulent construire une machine, elles peuvent recourir à nous pour construire un prototype ou utiliser nos connaissances via une étude de contrat. Dès qu'elles peuvent estimer la valeur de leur investissement sur la base de ces informations, elles peuvent, l'esprit apaisé, chercher les personnes aptes à tout finaliser. Elles ne doivent pas disposer de la main-d'œuvre dès le début, elles peuvent reporter cet investissement tout un temps."
QUEL ROLE JOUE LE GOUVERNEMENT?
Le gouvernement a-t-il un rôle dans la transition vers l'Industrie 4.0?
Dirk Torfs: “Le gouvernement a déjà indiqué qu'il veut stimuler ceci. Il existe déjà le groupe de travail transition Industrie 4.0, une initiative du gouvernement. Nous-mêmes, nous sommes étroitement impliqués dans la réalisation de cette transition; nous assistons le gouvernement à prendre les bonnes décisions qui alimentent l'écosystème de notre industrie manufacturière. C'est un travail de longue haleine. D'abord, nous devons créer la prise de conscience sur la nécessité de la transition, déterminer ensuite la stratégie que peuvent suivre nos entreprises, et puis veiller à l'implémentation pratique. Nous pouvons aider les entreprises dans leur approche et ce, dans plusieurs domaines, par nous-mêmes ou avec des partenaires."
CE QUE FLANDERS MAKE PEUT FAIRE POUR VOTRE ENTREPRISE
Dirk Torfs: “Au sein de Flanders Make, nous disposons de nombreuses connaissances combinées sur l'industrie manufacturière. Les défis d'aujourd'hui ne s'arrêtent pas aux frontières d'un secteur précis. Les connaissances sur les capteurs en sont un parfait exemple: applicables par les constructeurs de machines et par le secteur automobile. De plus, cette mise en commun offre aussi des économies d'échelle et, cerise sur le gâteau, notre réseau total croît. Les entreprises peuvent utiliser ces connaissances pour des sujets très divers.
Nous travaillons autour de quatre agrégats de compétences, tout en créant à chaque fois un 'écosystème' avec des personnes venues des instituts de connaissances, notre personnel et enfin, l'input des entreprises elles-mêmes. Au sein de chaque agrégat de compétences, nous avons rédigé une feuille de route pour les dix prochaines années, dont le contenu est composé sur la base du feed-back des entreprises de notre réseau et des tendances à long terme que nous décelons."
Pouvez-vous esquisser comment se déroule l'implémentation pratique de votre réflexion?
Dirk Torfs: “Chaque entreprise peut nous contacter. Nous travaillons sur trois types de services: services R&D, infrastructure de test et de validation, et nos services autour de l'innovation. Pour ce dernier service, nous traitons un problème concret d'une entreprise. Un exemple pratique: un client veut construire une machine et nous en développons un certain élément ou un prototype de cette machine. Supposons qu'une entreprise veut produire une tondeuse autonome, mais éprouve des difficultés avec les capteurs y afférents pour le balayage de l'environnement. Par notre expertise, nous pouvons l'aider à développer la pièce manquante du puzzle, ce qui lui permet de lancer sur le marché un produit commercial novateur. Un autre exemple est l'analyse des données, pour laquelle nous partons d'un modèle de produit et effectuons des prévisions quant à l'état d'un élément par l'analyse des données de capteur. Les entreprises peuvent commercialiser ce module d'analyse et le vendre comme service à leur client."
Et comment est réglé l'aspect financier? Et quid si une entreprise profite ainsi d'un avantage concurrentiel?
Dirk Torfs: “Les mécanismes par lesquels nous déterminons notre rentabilité, diffère au cas par cas. Nous devons tenir compte des règles de subvention, des positions concurrentielles, de la situation du marché, … De nombreux facteurs jouent un rôle. Nous pouvons travailler avec une licence, qui est alors vendue à des conditions conformes au marché. Mais nous pouvons tout autant breveter une innovation avec une entreprise ou valoriser nos connaissances. Pour nous, il est important que nos connaissances acquises se retrouvent sur le marché. Innover ensemble, tel est le fil conducteur chez Flanders Make."
Comment s'opère le transfert de technologie dans la pratique?
Dirk Torfs: “Ce transfert est une partie très importante de notre travail. La mobilité fluide de nos connaissances dépend beaucoup des entreprises impliquées dans un projet. Dans un environnement de produit, la sensibilité IP est grande, on craint de partager ses connaissances et on ne veut pas rendre la concurrence plus intelligente. Nous pouvons aussi jouer un rôle très significatif dans l'amélioration de l'appareil de production des entreprises par l'utilisation de la technologie digitale, ceci assure une diminution de coûts durable qui stimule la productivité et la compétitivité des entreprises. L'innovation sera de plus en plus réalisée par la collaboration entre entreprises. L'ouverture est donc absolument nécessaire."
TROIS ASTUCES POUR VOUS METTRE SUR LA VOIE D'I4.0
- Regardez comment améliorer votre produit en fonction des souhaits spécifiques de votre client.
- Comment produire efficacement ces produits personnalisés? Un produit personnalisé au coût de la production en série devient réalité. Dans bien des cas, cela exige des investissements dans l'innovation.
- Soyez ouvert aux business models nouveaux ou complémentaires. Si, p.ex., vous pouvez assister votre client pendant la durée de vie de son produit, vous pouvez aussi valoriser votre produit dans une phase ultérieure.
SUR FLANDERS MAKE
Flanders Make est le centre de recherche stratégique de et pour l'industrie manufacturière, créé sous l'impulsion d'Agoria et agréé par le gouvernement flamand en mai 2014. Avec cinq universités flamandes, ils unissent leurs forces et leur longue expérience pour soutenir les entreprises manufacturières via une étude préconcurrentielle afin de renforcer leur position concurrentielle internationale. Flanders Make se concentre sur l'innovation de produit et de processus en étroite collaboration avec une centaine d'entreprises de l'industrie manufacturière flamande. La base est formée par l'étude technologique et l'innovation en mécatronique, méthodes de développement de produit et technologies de production, pilotées à partir des défis et des besoins de l'industrie. En premier lieu, cela doit résulter en applications concrètes pour machines, véhicules, composants de véhicule et systèmes de production de haute technologie dans les entreprises participantes. Ensuite, les résultats d'étude sont mis à la disposition des entreprises dans la vaste entreprise manufacturière.
www.flandersmake.be