"L'impression 3D est un marché en pleine croissance que nous ne voulons pas manquer"

Du prototypage à la production en série

L'impression 3D, également connue sous le nom de fabrication additive, se manifeste de plus en plus comme une technologie de production mature. Ce qui n'était au départ qu'un outil pratique de prototypage rapide est aujourd'hui devenu un pilier fiable dans les secteurs où le travail sur mesure, la rapidité et la précision sont essentielles. Qu'il s'agisse d'implants médicaux, de pièces aérospatiales ou d'applications grand public, la fabrication additive fait partie de la solution.

L'introduction à la Bourse de Bruxelles de Materialise, spécialiste de l'impression 3D basé à Louvain, n'est pas passée inaperçue. Cette entreprise technologique, fondée en 1990 par Fried Vancraen et Hilde Ingelaere, est devenue un acteur mondial dans le domaine des applications 3D médicales et industrielles et des logiciels d'impression 3D. En 2024, la société cotée en bourse a imprimé plus de 2,1 millions de pièces. Les applications médicales de l'entreprise ont touché plus de 60.000 patients dans le monde. Materialise emploie plus de 2.500 personnes dans 21 pays et souhaite désormais utiliser la technologie de l'impression 3D pour l'industrie de la défense, qui est en plein essor. "Alors que l'impression 3D était principalement utilisée pour le prototypage, cette technologie est aujourd'hui de plus en plus utilisée pour la production en série de composants finaux, y compris dans des secteurs très réglementés et exigeants tels que les soins de santé, l'aérospatiale et la défense", déclare Materialise.

Haute technologie industrielle

Quand on parle d'impression 3D, il s'agit souvent de haute technologie industrielle. Ainsi, du 18 au 21 novembre, la dixième édition de Formnext, le salon international de la fabrication additive (AM), s'est déroulée à Francfort. Plus de 800 exposants étaient présents. Cette année, l'accent a été mis non seulement sur la technologie, mais aussi sur la valeur ajoutée pratique. "Les exposants ont démontré, à l'aide d'applications concrètes, comment la fabrication additive peut contribuer au développement de produits, à l'optimisation de produits existants ou à des processus de production plus efficaces", déclare l'organisateur du salon, Mesago Messe Frankfurt. Le salon a accueilli plus de 38.000 visiteurs. L'année prochaine, Formnext aura lieu du 17 au 20 novembre 2026.

À l'autre bout du spectre, nous trouvons les applications pour la maison, le jardin et la cuisine, un marché qui se développe encore en Belgique. Despec, un grossiste international de fournitures pour imprimantes, entre autres, s'est lancé dans l'impression 3D il y a deux ans. "Comme toute entreprise saine, nous sommes constamment à la recherche de nouvelles opportunités", explique Gilles Cattoir, spécialiste de l'impression 3D chez Despec. Cattoir revient tout juste d'une visite à Formnext, à Francfort. "L'impression 3D nous était assez inconnue, mais c'est un marché en pleine croissance que nous ne voulons pas manquer."

Imprimantes et filaments

En effet, pour un grossiste, il y a là un business récurrent: on vend des imprimantes et une gamme de filaments. Plus les clients finaux impriment, plus le nombre de consommables vendus augmente. La marge bénéficiaire des revendeurs réside également dans la vente de filaments. Chez Despec, la gamme comptait environ 300 types de filaments au début de cette année. Aujourd'hui, elle en compte plus d'un millier. "Plus nous incluons de variétés dans notre gamme, plus nous vendons", affirme Cattoir.

Despec, qui fait partie du groupe allemand UFP, distribue des marques d'imprimantes 3D telles que Creality, Anycubic, Flashforge et Dremel Digilab. "Le marché néerlandais connaît actuellement la croissance la plus rapide. En Belgique, la croissance est timide et en France, nous avançons à petits pas", explique Cattoir. Aux Pays-Bas, la technologie de l'impression 3D est enseignée dans les écoles et des youtubeurs connus travaillent avec des imprimantes 3D dans leurs vlogs très regardés. Tout cela contribue à abaisser le seuil. "Aux Pays-Bas, on trouve également de nombreux magasins spécialisés dans ce domaine, qui vendent des imprimantes, des filaments et des accessoires. Ainsi que des magasins qui font de l'impression 3D pour leurs clients", explique Cattoir. D'ici 2026, il s'attend à ce que le chiffre d'affaires de l'impression 3D double aux Pays-Bas. En Belgique, l'impression 3D n'est pas encore aussi bien établie. "Le marché est en train d'arriver. Par rapport à l'année dernière, nos ventes dans ce segment ont été multipliées par trois."

Prothèses et implants

Gilles Cattoir voit des opportunités pour les centres de copie et les entreprises de production d'imprimés qui peuvent imprimer en 3D à la demande. "C'est une forme de diversification à valeur ajoutée. Les clients viennent au magasin avec une pièce cassée, elle est scannée et une copie exacte peut être imprimée en 3D sur la base des données du scan." Selon Cattoir, le secteur qui s'adaptera le plus rapidement à la technologie de l'impression 3D est celui de la dentisterie. "Les prothèses et les implants peuvent être imprimés en fonction du patient", explique-t-il. Le secteur médical est à l'avant-garde de l'impression 3D, même si Despec n'est pas encore présent sur ce marché.

"La demande croissante de personnalisation, en particulier dans le secteur médical, fait de l'impression 3D un moteur essentiel pour des soins personnalisés accessibles, efficaces et abordables", explique-t-on à Materialise. HP est un autre acteur de premier plan dans ce domaine. Lors de l'assemblée nationale de l'AOPA qui s'est tenue à Orlando (États-Unis) au début de l'année, l'entreprise technologique a présenté une série d'études de cas orthopédiques innovantes. En collaboration avec la Limb Kind Foundation, HP Additive Manufacturing Solutions a travaillé sur un projet humanitaire au Kenya. Dans le cadre d'un projet pilote, cinq prothèses sur mesure ont été livrées à de jeunes patients à l'aide d'un flux de travail entièrement numérique.

Le projet a commencé par la numérisation en 3D de membres sur le site d'un hôpital au Kenya. Ces données ont été transmises numériquement aux équipes cliniques et de conception aux États-Unis, qui ont ensuite imprimé en 3D des chaussettes prothétiques à l'aide de la technologie Multi Jet Fusion de HP. Les produits finis ont été expédiés au Kenya en deux jours, ce qui est plus rapide qu'avec les méthodes de fabrication traditionnelles. "Dans les régions où la pose d'une prothèse peut prendre des années, cette approche offre un modèle de soins évolutif, rapide et abordable", déclare HP.

Contrairement aux méthodes de fabrication traditionnelles, qui nécessitent beaucoup de main-d'œuvre et sont moins efficaces, la technologie Multi Jet Fusion offre rapidité et cohérence dans le cadre d'un processus optimisé. "Grâce à sa grande précision, à sa répétabilité et à la perte minimale de matière, cette technologie réduit considérablement le temps nécessaire pour passer de la numérisation à la chaussette. La conception est également suffisamment flexible pour créer des produits plus légers et plus respirants, ce qui est crucial lorsque l'on travaille avec des enfants", a déclaré HP.