La production de pâte et de papier va se rétablir cette année
Tendances conjoncturelles dans l'industrie du papier
Selon les chiffres de la Cepi, la confédération internationale de l'industrie européenne du papier, la production de papier et de carton a chuté de 13% en 2023. Mais l'organisation constate que les premiers chiffres pour 2024 indiquent une reprise de la production et de la rentabilité dans tous les segments de l'industrie européenne du papier et de la pâte à papier.
L'année 2023 a été difficile pour la production européenne de papier. La baisse de la production de papier et de carton en 2023 (-13%), due à la faible demande, a été encore plus forte que pendant la crise du corona (-4,7% en 2020). Près de 74 millions de tonnes de papier et de carton ont été produites en 2023, contre près de 85 millions de tonnes en 2022. "Cette tendance n'est pas propre à l'Europe, mais le ralentissement mondial a été exacerbé dans l'UE par des coûts de production relativement élevés, notamment en matière d'énergie", souligne la Cepi.
Made in Europe
Tous les types de papier et de carton ont connu une forte baisse de production, même si l'on observe des différences selon les catégories. La production de matériaux d'emballage a chuté de 11% en 2023 par rapport à 2022, tandis que le papier hygiénique et ménager a enregistré une baisse d'environ 4%. Pour le papier graphique, le recul a été encore plus prononcé. La production en 2023 était d'environ 16,7 millions de tonnes, soit 24% de moins qu'en 2022, où plus de 22 millions de tonnes avaient été produites. La consommation de papier graphique a également chuté de 23,7% pour atteindre 13,5 millions de tonnes en 2023.
Le secteur a également réussi à annoncer quelques bonnes nouvelles. Par exemple, l'industrie de la pâte et du papier a atteint un taux de recyclage exceptionnel de 79,3% en 2023. Elle reste plus que jamais une industrie 'made in Europe', avec 91% des fibres provenant de l'Union européenne. Une balance commerciale positive pour la pâte marchande, produite pour être vendue sur le marché international plutôt que transformée localement, y a contribué", indique le Cepi.
Selon la fédération industrielle, un premier échantillon de données d'entreprises indique une reprise de la production et de la rentabilité dans tous les segments du secteur européen de la pâte et du papier d'ici à 2024. "Mais la position de l'industrie est loin d'être ce qu'elle était avant la crise du corona et la guerre en Ukraine", indique la Cepi.
Réduction de la capacité de production
La reprise annoncée de la production s'accompagne toujours d'une réduction de la capacité de production. Fin août, UPM Communication Papers a fermé son usine de papier journal à Hürth, en Allemagne. L'une des machines pour la production de papier sans bois (la PM 3) du site de production de Nordland Papier à Dörpen sera également arrêtée à la fin de l'année 2024. Selon UPM, le nombre d'emplois concernés est de 338, ce qui entraîne une réduction annuelle de 330.000 tonnes de la capacité de production de papier journal et de 280.000 tonnes de la capacité de production de papier sans bois", confirme le groupe finlandais.
UPM intervient également dans la production de pâte à papier. UPM Pulp réduit la production de ses usines de Kymi et Kaukas en Finlande. "Nous ajustons notre production comme une mesure normale, en fonction de l'évolution du marché et des coûts, en mettant l'accent sur la rentabilité", déclare Marko Sundqvist, vice-président de Pulp Operations Finland. La fermeture de l'usine de pâte à papier de Kaukas a pris effet le 9 septembre et la période de fermeture de l'usine de Kymi débutera le 23 septembre. Les fermetures devraient durer trois semaines. "Pendant une partie de la période de fermeture, des travaux de maintenance seront effectués, mais du chômage temporaire est possible", indique UPM Pulp. Les autres usines de pâte à papier d'UPM à Pietarsaari, en Finlande, et en Uruguay continueront à fonctionner à pleine capacité. Avec quatre usines et 1.800 employés, UPM Pulp est l'un des plus grands producteurs de pâte à papier au monde. Sa capacité de production est de 3,7 millions de tonnes.
Un volume de ventes honorable
Le groupe familial allemand Koehler, producteur de papier, a également annoncé ses chiffres pour l'exercice 2023. Selon ses propres termes, l'entreprise a réussi à résister à des 'conditions de marché remarquablement difficiles' dans un 'environnement hautement concurrentiel'. Les secteurs du papier et des énergies renouvelables ont généré des revenus de 1,143 milliard d'euros au cours de l'exercice 2023. Cela représente une baisse de 13% par rapport à 2022, une année marquée par une forte inflation et les conséquences économiques de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le volume des ventes du Koehler Group a atteint 480.651 tonnes de papier l'année dernière. "Un volume de ventes plus qu'honorable", souligne le producteur de papier. "Dans un contexte de conditions de marché difficiles et de faible demande, il s'agit certainement d'un bon résultat", déclare Kai Furler, PDG du groupe.
En tant qu'entreprise mondiale avec une part d'exportation de 70%, le groupe Koehler est fortement tributaire des conditions économiques régionales et mondiales. "Ces conditions ont été fortement affectées par l'incertitude politique et économique au cours de l'exercice précédent", indique l'entreprise. D'un point de vue du secteur, l'industrie du papier a dû faire face à une sous-utilisation de ses capacités tout au long de l'année en raison d'une faible demande. Au sein des pays de la Cepi, l'Allemagne est le plus grand pays producteur de papier et de carton, représentant un quart du volume produit. Elle est suivie par l'Italie (10%), la Suède (10%), la Finlande (8,5%) et la France (8,3%). La baisse des volumes de vente va de pair avec des augmentations de prix. Le 15 août, Koehler Paper, qui fait partie du groupe Koehler, a procédé à une nouvelle augmentation de 7% des prix de certains papiers fins. Le producteur invoque la hausse persistante des prix des matières premières, en particulier pour la pâte à papier.
Investir dans les énergies renouvelables
Selon les statistiques de l'association sectorielle allemande Die Papierindustrie, les ventes totales des usines de papier en Allemagne ont chuté de 13,1% en 2023 par rapport à l'année précédente. L'industrie papetière allemande exporte la plupart de ses produits vers d'autres pays, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Europe, et est donc soumise aux conditions économiques mondiales et à la politique commerciale internationale.
La question de l'énergie est un enjeu important pour les producteurs de papier européens et certainement allemands. "Dans le segment de l'énergie, le marché a montré des signes de soulagement au cours de l'exercice 2023", indique le Koehler Group. Les prix de l'électricité et du gaz ont baissé par rapport à 2022, mais ils sont restés supérieurs aux niveaux d'avant la crise. "Cette baisse des prix de l'énergie s'explique en partie par le fait que les énergies renouvelables ont couvert pour la première fois plus de la moitié de la demande d'électricité en Allemagne, avec une part de 55%", précise l'entreprise. Le Koehler Group a pris des mesures en fonction de son engagement pour 2030, par lequel l'entreprise vise à produire plus d'énergie renouvelable qu'elle n'en a besoin pour ses opérations de production de papier d'ici la fin de la décennie.
"Investir dans un deuxième secteur d'activité sous la forme d'une production d'énergie renouvelable avec la création de Koehler Renewable Energy il y a plus de dix ans était sans aucun doute le bon choix", souligne Kai Furler, le PDG. "Au cours du dernier exercice, nous avons finalement pu couvrir environ 70% de l'électricité nette et 60% de la chaleur nette dont nous avions besoin pour notre production de papier grâce à l'énergie renouvelable. Compte tenu de ces résultats, nous serons vraisemblablement en mesure de respecter notre engagement pour 2030." Le producteur de papier familial a commencé à convertir son approvisionnement en énergie il y a 12 ans. "Aujourd'hui, cela porte ses fruits", confirme le PDG.
Au cours de l'exercice 2023, le Koehler Group a investi environ 151 millions d'euros, une augmentation significative par rapport à l'année précédente où le budget d'investissement était de 66 millions d'euros. "Ces investissements sont allés principalement au nouveau site de Willstätt, au parc éolien de Wetzlar, aux projets de construction liés à la décarbonisation de la centrale électrique d'Oberkirch, près du siège de l'entreprise, ainsi qu'à d'autres investissements dans le secteur du papier, qui visaient principalement à améliorer l'efficacité énergétique", précise l'entreprise.
La famille Bosman vend Grafityp à UPM Raflatac
UPM Raflatac, une division finlandaise d'UPM, a acquis la société belge Grafityp cet été. Grafityp est une entreprise familiale avec plus de 50 ans d'histoire, un pionnier dans le développement et la production de solutions graphiques auto-adhésives. Aujourd'hui, l'entreprise familiale Bosman est connue pour son large portefeuille de produits, qui comprend des films couleur, des films d'impression pour l'impression couleur grand format, des laminés et des films d'emballage pour diverses applications. L'entreprise emploie une centaine de personnes et dispose d'un site de production à Houthalen et d'un centre de distribution au Royaume-Uni. "Cette acquisition offre d'importantes possibilités d'accélérer la croissance et d'accroître la valeur de l'entreprise en élargissant notre clientèle, nos capacités de production et notre offre de produits innovants", déclare Herman Bosman, propriétaire de Grafityp. Il s'attend à ce que le partenariat avec le groupe finlandais génère d'importantes synergies. "Cet accord accélère nos plans de croissance ambitieux." Les deux parties ont convenu de ne pas divulguer le prix d'achat ni les autres détails de la transaction.
