RE-VRAC Belgium: premier baromètre sur les emballages en vrac et réutilisables
L'industrie est prête, mais la demande des consommateurs est à la traîne. C'est ce qu'affirme RE-VRAC Belgium, le premier baromètre économique sur le vrac et la réutilisation en Belgique. L'étude est le résultat d'une collaboration entre Fost Plus et ConsomAction, la fédération belge des professionnels des secteurs du vrac, de la réutilisation, de la consommation durable et de l'économie circulaire.
90% des entreprises du secteur du vrac et 80% des acteurs de la réutilisation qui ont participé au baromètre ont vu le jour après 2010. Si cela indique une croissance récente au sein du secteur, cela indique également la maturité opérationnelle des acteurs. Pour les produits en vrac, la croissance rapide s'explique par l'utilisation de technologies simples et de pratiques commerciales qui ne nécessitent pas d'investissements industriels lourds. La réutilisation repose sur une longue tradition en Belgique, par exemple pour les boissons telles que les jus de fruits et la bière. La plupart des entreprises interrogées sont de petite taille, avec une moyenne de 1 à 2 employés à temps plein, parfois complétés par du travail bénévole.
Un cercle vicieux
Le chiffre d'affaires réalisé dans le cadre de la réutilisation augmente de 11% par an en moyenne (2022-2024), tandis que les ventes en vrac affichent un taux de croissance annuel de 7%. Plus de la moitié (58%) des entreprises interrogées génèrent déjà une marge d'exploitation positive. C'est principalement le cas des entreprises actives dans le transport et le B2B HoReCa, où les systèmes sont matures et compétitifs grâce à des modèles de consommation plus prévisibles. En revanche, les secteurs du commerce de détail, de l'hôtellerie B2C et du commerce électronique affichent une rentabilité plus faible, reflétant la dépendance à l'égard des habitudes de consommation individuelles et des marges plus réduites.
"Ce baromètre confirme que la Belgique dispose d'une base solide et d'un fort potentiel pour faire de la réutilisation et des ventes en vrac la nouvelle norme au sein d'un marché circulaire", déclare Sylvie Droulans, directrice de ConsomAction. "Pourtant, nous constatons que de nombreux acteurs semblent attendre que le marché évolue au point que la production et la consommation durables deviennent naturelles, compétitives et rentables. Cette façon de penser freine les progrès dans le secteur. Pour sortir de ce cercle vicieux, il est essentiel de développer des mécanismes qui permettent de transformer le potentiel en adoption réelle du marché."
Acteurs locaux
Le secteur du vrac est fortement dominé par les produits alimentaires, bien que les produits non alimentaires tels que les cosmétiques, les produits ménagers et les produits d'hygiène gagnent également en importance. La quantité de produits dans la gamme varie considérablement. En général, le vrac est un complément aux produits préemballés plutôt qu'un modèle exclusif. Un tiers des entreprises participantes indiquent que plus de la moitié de leurs produits en vrac sont d'origine belge et que la plupart d'entre eux parcourent moins de 50 km. Cela indique une forte préférence pour les produits locaux dans l'offre et un soutien aux acteurs locaux.
Principaux obstacles
La vente en vrac n'est pas encore suffisamment ancrée chez les consommateurs (42%) en raison de la concurrence des produits préemballés, du manque d'habitude, de la perception de la complexité et des préoccupations en matière d'hygiène.
- Contraintes logistiques (18%): certains produits ne se prêtent pas au transport en vrac, mais le manque de capacité et de stockage peut également constituer un obstacle.
- La complexité de la réglementation (16%), par exemple en matière d'étiquetage, d'hygiène et de traçabilité, qui est souvent perçue comme vague ou inadéquate.
Des coûts d'investissement élevés
Les emballages ménagers réutilisables sont en augmentation, avec 43% des emballages ménagers et 82% des emballages industriels (en poids) déjà réutilisables sur le marché belge. Pourtant, pour les participants au baromètre, le prix de revient des emballages réutilisables reste le principal obstacle : leur prix unitaire est souvent plus élevé que celui des emballages à usage unique, ce qui pèse sur le choix des consommateurs. Les entreprises interrogées citent les principaux obstacles suivants:
- Les emballages réutilisables ne sont pas encore suffisamment bien implantés auprès des consommateurs (32%): Les habitudes des consommateurs ne changeront pas tant que les incitations et les infrastructures adéquates ne seront pas en place.
- Les coûts d'investissement élevés (23%) liés à l'amélioration de la chaîne d'approvisionnement (23%), car la coordination entre la collecte, le nettoyage et la redistribution des emballages réutilisables reste souvent très fragmentée.
Chaîne d'approvisionnement durable
Selon le Baromètre environnemental 2024 de Fost Plus, 56% des Belges considèrent le changement climatique comme un défi majeur et 80% pensent qu'il y a trop d'emballages jetables. Ainsi, 82% des Belges trient toujours leurs déchets à la maison. Pourtant, seuls 33% d'entre eux déclarent déjà opter pour des emballages réutilisables. "Cet écart entre nos intentions et notre comportement effectif montre qu'il est urgent de trouver des solutions pratiques, des incitants et des règles plus strictes", affirme Fost Plus.
"Le changement doit être supporté par tous les acteurs économiques", déclare Valérie Bruyninckx, porte-parole de Fost Plus. "D'une part, les entreprises demandent un cadre plus clair qui leur donne une certitude à long terme. D'autre part, les consommateurs ont besoin d'être mieux guidés pour que les choix durables deviennent une évidence. Notre ambition est claire : la réutilisation et la prévention, ainsi que le recyclage, sont les leviers dont nous avons besoin pour évoluer vers une chaîne véritablement durable pour les matériaux d'emballage."