Kornit : "De la rapidité à la responsabilité : il est temps de remédier au blocage du secteur de la mode"
Le 11 juin 2025, la France est entrée dans l'histoire. Dans un geste très médiatisé contre l'empreinte écologique de la mode ultra-rapide, le Sénat français a approuvé un projet de loi qui pourrait fondamentalement réécrire les règles de base de l'industrie mondiale de l'habillement. La nouvelle loi introduit notamment un "éco-score" pour les produits, des amendes pouvant aller jusqu'à 10 euros par vêtement d'ici à 2030, une interdiction de la publicité et même des sanctions pour les influenceurs qui font la promotion de la mode ultra-rapide. "Jamais auparavant un gouvernement n'avait pris de mesures aussi strictes pour lutter contre l'impact déréglé de la fast fashion", écrit Guy Yaniv, président EMEA de Kornit Digital.
Le message de la France est clair : les vêtements bon marché et jetables produits en masse par des géants pilotés par des algorithmes comme Shein et Temu n'ont pas leur place dans le monde de demain. Les gouvernements, les consommateurs et les investisseurs du monde entier prennent de plus en plus conscience que l'industrie actuelle de l'habillement n'est pas viable sur le plan environnemental et économique.
Mais cette réglementation n'est pas une fin en soi, c'est un début. Elle ouvre la voie à une chaîne d'approvisionnement en vêtements plus intelligente, plus propre et plus réactive. Pour les entreprises de la chaîne de production et d'approvisionnement numérique, cela signifie que celui qui mène gagne. Celui qui résiste est laissé pour compte.
Il est temps de repenser le système
Les gouvernements réagissent à ce que les consommateurs pressentent depuis longtemps : la chaîne d'approvisionnement classique de la mode - lourde, gaspilleuse et opaque - ne répond plus aux attentes du marché, et encore moins aux besoins de la planète. La surproduction est devenue presque structurelle, les estimations suggérant que plus de 30 % de tous les vêtements ne sont jamais vendus au prix fort. La plupart de ces vêtements finissent dans des décharges ou des incinérateurs.
Mais le problème est plus profond que ne le suggèrent les récentes réglementations. La chaîne d'approvisionnement de l'industrie de la mode est fondamentalement défaillante. C'est l'une des plus anciennes, des plus grandes et des plus complexes au monde, mais aussi l'une des plus inefficaces. Résultat : des excédents, des baisses de prix, des ruptures dans la chaîne et beaucoup de gaspillage. Cette situation n'est ni rentable ni durable. Il est donc temps de revoir la structure du système.
La seule façon d'avancer est de faire preuve d'agilité. Car le gaspillage n'est plus un effet secondaire, c'est un risque commercial que les marques, les détaillants et les fabricants doivent traiter de toute urgence.
Le problème n'est pas la vitesse, mais les déchets
Pendant des années, le développement durable a été considéré comme un coût : quelque chose que l'on pouvait acheter, minimiser ou présenter comme du marketing. Mais cette époque est révolue. Aujourd'hui, les amendes, l'évolution des tendances de consommation et l'imprévisibilité de la logistique sont la nouvelle réalité. La production durable n'est plus un devoir moral, c'est une nécessité stratégique.
Les marques qui optent pour une production locale et à la demande gagnent en résilience et réduisent leur dépendance à l'égard d'une logistique mondiale complexe. Une gestion intelligente des stocks réduit le fonds de roulement et augmente les marges. La transparence et la traçabilité offrent de nouvelles opportunités commerciales, la fidélisation des clients et le respect de la législation.
Certains critiques pointent du doigt la vitesse, mais la vitesse en elle-même n'est pas le problème. Au contraire, une réponse rapide et transparente à la demande réelle constitue un avantage concurrentiel. Le problème n'est pas la rapidité de la livraison, mais l'insouciance de la production.
L'avenir de la mode doit donc être à la fois rapide et responsable. Grâce aux technologies d'impression numérique qui éliminent la consommation d'eau, réduisent les produits chimiques et ramènent les délais de production de quelques mois à quelques jours, Kornit permet aux marques de produire des collections basées sur la demande réelle, et non sur des suppositions.
Vers un modèle à la demande
L'objectif est clair : construire un écosystème technologique qui permette une production textile numérique durable - en ne produisant que ce qui se vend, localement et avec un minimum de déchets. Pour ce faire, l'agilité est cruciale : la conception, la production et la livraison doivent pouvoir se faire en temps réel.
Le principe est simple : c'est la demande qui détermine l'offre, et non l'inverse. Ce modèle de "report de production" offre toute une série d'avantages : moins de gaspillage, une gestion plus intelligente des stocks, une réduction des coûts et une plus grande flexibilité.
Les détaillants n'ont plus besoin d'investir dans des stocks importants. Ils ne produisent que lorsqu'il y a une commande. Cela réduit le risque d'excédents - en particulier pour les produits saisonniers ou les marchés de niche - et élimine les coûts de stockage et de dépréciation. Et oui, c'est exactement la direction dans laquelle la nouvelle législation veut pousser le secteur.
Des résultats aujourd'hui, pas demain
Kornit Digital travaille activement avec les marques, les détaillants et les fabricants pour relever ces défis. Depuis plus de 25 ans, l'entreprise s'engage en faveur d'un secteur de la mode plus durable. Aujourd'hui, Kornit construit un écosystème qui répond à cette ambition.
Les collaborations avec des partenaires tels que MAS ACME USA et Syrup Technologies apportent une agilité supplémentaire à la chaîne. En intégrant les systèmes de production numérique de Kornit à MAS ACME - une plateforme holistique de coordination de la chaîne d'approvisionnement nord-américaine - les marques et les détaillants peuvent désormais évoluer plus rapidement vers une production durable basée sur les données.
À cela s'ajoute la collaboration avec Syrup Technologies, qui utilise des plateformes pilotées par l'IA pour fournir des prévisions de stocks extrêmement précises. Résultat : moins d'excédents, moins de remises.
Ensemble, ces parties construisent un "système d'exploitation" pour le secteur de l'habillement - basé sur les données, l'agilité et la responsabilité, plutôt que sur les suppositions et la production de masse.
La flexibilité est l'avenir
Les réglementations sont de plus en plus strictes. La pression augmente. Seuls ceux qui s'adaptent rapidement, innovent et répondent à la demande réelle réussiront. L'avenir de l'industrie de l'habillement n'est plus une question de volume, mais d'intelligence : avec le moins de déchets possible, une flexibilité locale maximale et une marge de manœuvre pour la créativité.
Ce dont le secteur a besoin, ce n'est pas d'un ajustement mineur, mais d'un redémarrage en profondeur. Le moment est venu. Quiconque attend le prochain choc du marché arrivera trop tard.
Guy Yaniv est président EMEA de Kornit Digital, une entreprise spécialisée dans la fabrication numérique durable de textiles à la demande.
"De la production de masse à la production à la demande : les données, l'agilité et la durabilité sont les nouveaux mots à la mode"